Pas facile d'embourgeoiser le Panier

Inspiration principale du quartier fictif du Mistral dans la série de France 3, Plus belle la vie, le Panier devient petit à petit le théâtre d'une boboïsation bien loin de ses origines populaires.

Hypocrisie et paradoxes sur les bords de mer

A la faveur d'un mois d'automne très chaud, on a presque oublié notre capricieux été. Nudistes et textiles se sont toutefois retrouvés sur les plages, pour le meilleur mais aussi pour le pire.

La Marseillaise, la France contre le reste du monde?

Dans le cadre du projet hymne, on decrypte les paroles de nos chants patriotiques. Pourquoi ne pas commencer par la Marseillaise. Sifflée ou chantée, elle ne laisse personne indifférent.

Pourquoi courir à côté des cyclistes?

Qu'on se le dise, peu de gens s'intéressent vraiment au cyclisme en dehors du Tout de France. La petite reine c'est 3 semaine par an pour attendre la reprise des championnats de foot. Retour sur une pratique tant incompréhensible qu'incontournable sur la grande boucle.

La première année en Ecole de Journalisme

Voici mes premiers pas au sein de l'Ecole de Journalisme et de Communication d'Aix-Marseille. Dans cette rubrique, vous trouverez des explications sur nos enseignements, des articles réalisés en cours et autres bribes de vie étudiante.

Tuesday, October 28, 2014

Gaudin et la métropole, après lui le déluge





Si tout semble sous contrôle au sein de la section UMP des Bouches-du-Rhône qu'il préside, Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, perd peu à peu de son influence à MPM. La communauté urbaine en pleine transformation, devrait être le théâtre des grandes manœuvres politiques des années à venir. Le Parlement a voté le 27 janvier dernier la loi MAPAM, réorganisant les intercommunalités, et consacrant la notion de métropole. Six groupements de municipalités du département rejoindraient Marseille et les 17 autres communes avoisinantes. Cette instance administrerait les 1.5 millions d'habitants de la zone en s'arrogeant des compétences jusqu'alors émiettées parmi d'autres collectivités territoriales.
Jusqu'alors lot de consolation attribué par Jean-Claude Gaudin à de fidèles lieutenants (échappant à Muselier, revenant à Teissier). L'édile marseillais bénéficiait de son aura pour guider la politique de la communauté. Or, depuis que MPM a connu une alternance et l'élection Guy Teissier, en quête d'indépendance, rien n'est plus pareil.

Malgré tout, c'est au maire de Marseille que Maryse Joissains, malgré l'appui du président de la communauté urbaine, tend la main. Opposée à la future métropole à l'instar d'un grand nombre d'élus locaux, le gouvernement a fait de Jean-Claude Gaudin son interlocuteur privilégié. « Les relations de Jean-Claude Gaudin se sont tendues avec l'exécutif sur la question des rythmes scolaires » rappelle Philippe Langevin. Peut être souhaite-t-il calmer l’Élysée et Matignon en prenant soin au passage de sauvegarder les intérêts de la cité phocéenne.

Plus que l'influence de Jean-Claude Gaudin, c'est celle de Marseille qui est remise en cause. René Borruey, architecte, enseignant-chercheur à l’École Nationale Supérieure d’architecture de Marseille, évoque une ville en déclin démographique et économique entre les années 70 et 90, au profit de la périphérie. L'intercommunalité impulsée par l’État pour rééquilibrer le territoire et mutualiser les infrastructures et services, conduit selon les édiles locaux à "payer pour Marseille". La réforme territoriale a mis en relief la « polarisation du centre face à la périphérie » selon le politologue Nicolas Maisetti. Alors qu'un nouveau pallier de coopération intercommunale est franchi, la communauté urbaine largement dominé par une majorité de droite se déchire. Les « petites villes » réclament plus d'autonomie face à Marseille. En-dehors du FN, il y a la liste UMP et 2 autres constituées par des élus (DVD) de petites communes qui essaient de faire plier le géant marseillais. Le maire de Marignane, Eric le Dissès, mène un de ses groupes. Il a déjà fait main-basse sur une vice-présidence après avoir fait perdre à une voix près, la présidence de MPM à l'UMP en 2008.

Si Jean-Claude Gaudin semble mener sa barque dans la formation de la métropole, il y a fort à parier que son retrait futur de la vie politique, contribuera à enfoncer encore davantage la droite locale dans la tourmente.

Cyrille CRESPY & Florent BASCOUL

Friday, October 17, 2014

Pas facile d'embourgeoiser le Panier

Pari réussi pour Marseille, les touristes affluent dans ce qu'il convient d'appeler le Montmartre phocéen. Avec ses larges escaliers, ses ruelles étroites et ses maisons pittoresques, le Panier a tout pour faire une belle carte postale. Pourtant, cette image du plus vieux quartier de Marseille, n'est pas complètement authentique.

Des croisiéristes italiens, reconnaissables à leur numéro plastronné sur leurs vestes, descendent enchantés la montée des Accoules. Ils seront vraisemblablement plus d'un million en 2014, à emprunter un circuit qui les mènera au Vieux Port en passant par le Panier. De nombreux commerçants et artistes se sont installés dans ce village en plein cœur de Marseille. Un fabricant de santons, un parfumier, des boutiques de souvenir, une pléiade de restaurants. Chacun de ses commerces s'est approprié le nom du quartier pour faire accourir les chalands : le Panier des Créateurs, la Terrasse du Panier ou encore le Panier marseillais. Les riverains se plaignent d'avoir à se frayer un chemin parmi les vacanciers pour regagner leur logis, ou d'attendre de longues minutes devant la boulangerie dans une queue interminable.

Lisa Deck a installé sa galerie il y a 8 mois aux Accoules. Elle a su s'intégrer à cet îlot du 2ème arrondissement. « Ce quartier inspire beaucoup d'artistes. Avec Marseille capitale de la culture, ils sont arrivés en nombre. Puis la fréquentation s'est atténuée et quelques uns sont partis. Les habitants sont venus voir ce que je faisais. Il y a un respect mutuel » décrit la sculptrice. Cette créatrice fait partie de ces nouvelles têtes fraîchement débarquées. Elles se distinguent de la population traditionnellement populaire du quartier, car au Panier, n'est plus locataire (ou propriétaire) qui veut. Rénovation, réhabilitation ou restauration sont passées par ici. On devine difficilement la silhouette d'un ancien moulin sur une place pourtant éponyme ; il a désormais l'aspect d'une maison. Franck qui a grandit dans le coin, surnomme ironiquement la Place des Moulins, « le côté VIP ». Patou Rahal, présidente du comité inter-quartier déplore une multiplication par dix des loyers sur les trente dernières années. Entre 2630 et 2930€ au mètre carré, le Panier n'est plus très loin des prix pratiqués dans les endroits les plus prisés de Marseille.

Un employé municipal attaché à ce lieu confie à une passante. « Ça m'étonne tout le temps de voir autant de gens prendre des photos. Il y a vingt, trente ans, c'était vide, personne ne venait par ici ». Retour plusieurs décennies en arrière. Jean-Noël Guerini est alors maire de la cité phocéenne. Le Panier traîne une très mauvaise réputation. Au cœur de trafics en tout genre, peu de marseillais ne souhaitent s' y installer. Les commerçants se plaignent. Alors, la mairie tâche d'encourager le repeuplement du quartier. Les loyers relativement bas, amènent des personnes de tous horizons à s'établir. C'est à partir de ce moment qu'un « esprit de village », encore perceptible, s'est développé. Avec l'embellissement du Panier, de plus en plus de riverains ont dû quitter leurs logements, les loyers ayant bondi. D'autres, ont préféré vendre leurs biens pour acheter ailleurs. Partout on parle de « mutation » avec un « embourgeoisement » de la population du quartier.

Pourtant, le remplacement est loin d'avoir eu lieu. « Vous avez vu nos petites rues, quand on ouvre les volets le matin, forcément il faut dire bonjour au voisin d'en face » remarque Patou. Elle énumère quelques pratiques, que les nouveaux arrivant n'avaient pas envisagé. Le quartier est loin d'avoir terminé sa cure de jouvence « Il nous reste quelques friches du côté de Baussenque. Il nous faut souvent appeler les services municipaux pour dératiser. Même s'il y a des caméras, ça n'empêche pas quelques uns de déposer leurs déchets n'importe où » poursuit la présidente du comité inter-quartier. Ainsi la promesse des promoteurs du Montmartre marseillais n'est pas (encore) tout à fait tenue. Le Panier, par conséquent, observe une mixité sociale hors du commun. Un lien tâche de se créer entre des individus ayant pour seul point commun leur lieu de vie. Des repas de quartier sont organisés. Les rendez-vous au cours desquels la population du Panier se rencontre, se multiplient. Quelques associations favorisent les rapports sociaux tel que le centre Baussenque.

Manifestement, le Panier fait de la résistance, mais pour combien de temps encore ? Il y a fort à parier qu'un jour ou l'autre, s'achève la transformation de ce rectangle, coincé entre la cathédrale de la Major, le quartier de la Joliette et le Vieux Port. Si ce détail passera inaperçu auprès des touristes. Ceux qui chercheront à connaître ce lieu constateront la perte de son identité si particulière.

Florent BASCOUL